Apprentissage dans le bon sens?

Réforme de l'apprentissage: les textes sont votés, les décrets arrivent, l'apprentissage devrait changer de visage en 2019.

L’ANAF, Association des Apprentis de France, qui milite modestement depuis dix ans pour améliorer la condition des apprentis, fait une entrée dans la lumière avec la réforme de l’apprentissage. Son président Aurélien Cadiou, participant à tous les débats et toutes les consultations, plaide sans relâche pour que les apprentis existent dans cette réforme qui les concerne au premier chef.

L’effort est louable, mais la voix faible face à des institutions qui jouent pour certains leur survie, et pour les autres au moins leur portefeuille. Dans l’environnement complexe du dispositif de l’apprentissage qui lie de nombreux acteurs, les craintes sont nombreuses, les inquiétudes très vives.

Rentrée de l'apprentissage chez Véolia

Véolia, l'entreprise aux 170 000 salariés sur les cinq continents (10 000 contrats d'apprentissage conclus chaque année), a signé une convention de partenariat avec l'ANAF.

Premier effet de ce partenariat ce 22 octobre: un débat organisé par l’ANAF au siège social de Véolia à Aubervillier, pour éclairer sur l’accueil que les professionnels (un seul apprenti dans la salle) réservent au volet Apprentissage de la loi pour la Liberté de choisir son avenir professionnel, qui s’imposera désormais dès janvier prochain.

Un nouveau monde pour l’apprentissage

Si le nouveau monde qui s’ouvre à l’apprentissage n’est pas une révolution pour les apprentis, qui y gagnent trente euros, une ouverture Erasmus et une aide au permis de conduire, le bouleversement est réel pour les institutions encadrantes: CFA, entreprises, organismes consulaires, organismes collecteurs de la taxe d'apprentissage, fédérations ...

Une inversion des rôles pour la députée Catherine Fabre, rapporteure du projet de loi à l'Assemblée Nationale pour qui le changement majeur est celui d’un paradigme qui a fait son temps : l’apprentissage institutionnel devient professionnel.

Le pouvoir et l’argent changent de mains. Libérées de la tutelle des Régions, les entreprises choisiront les formations qui offriront des débouchés à leurs futurs salariés, et pourront ouvrir des établissements pour les accueillir. En témoigne Manuèle Lemaire, directrice du Campus Véolia, qui laisse entrevoir une extension avec la création de nouveaux centres dans l’est et le sud de la France, une demande auparavant refusée par les régions.

Une concurrence des CFA d’entreprises pour les CFA traditionnels multi-professionnels ?

Sans doute, et la menace de nouvelles unités d’apprentissage créées dans les lycées professionnels peut accroitre la crainte des directeurs de CFA qui devront désormais, pour maintenir leur structure, vendre âprement chaque siège d’apprenti. Plus le CFA accueillera d’apprentis, plus il augmentera ses recettes. A l'inverse, ce sont les difficultés qui commencent!

La réforme institue en effet le « coût-contrat », une enveloppe par apprenti inscrit au CFA, un budget alloué pour chaque contrat d'apprentissage signé. Pour convaincre, l'offre de formation du CFA devra être adaptée au plus près du besoin des entreprises.

Une mesure qui a également vocation à homogénéiser le coût des formations. Une normalisation qui inquiète, quel montant attribuera t’on à ces enveloppes? Le coût d’une formation en Corrèze n’est pas le même qu’en Ile de France ou en PACA, notamment du fait de la différence des charges immobilières.

« Si les CFA doivent recourir à la participation des employeurs pour compenser les charges et financer les formations, c’est l’échec assuré ! » affirme Patrice Guézou, Directeur emploi formation de la CCI France.

L’apprentissage deviendrait il un grand marché ? A l’image de la formation professionnelle ?

Optimiste, Yves Hinnekint, directeur général d’OPCALIA (opérateur qui finance la formation professionnelle depuis vingt ans), tempère l’inquiétude générale : « des réformes on en a vu d’autres, même si celle-ci paraît plus aiguë. Le coût-contrat on le gère déjà depuis longtemps ! »

Autour des tables rondes, la crainte qu’inspire la mise en œuvre de la réforme est diversement partagée : avantage au volet Erasmus qui, en soulageant les entreprise de la responsabilité civile et économique d’un apprenti hors frontières, ouvrira l’Europe aux routards de l’apprentissage.

Comparaison n’est pas raison

Modèle Jacobin pour le représentant du MEDEF pour qui le nouveau grand ordonnateur central de l’apprentissage: France Compétence, fait reculer la modernisation des institutions : « Qui peut croire que 70 personnes concentrées à Paris entendent quelque chose à la réalité des territoires ? »

Sans doute le modèle fédéral Allemand (ou Suisse) est séduisant, mais est il transposable en France? Beaucoup de différences nous séparent : historiques, culturelles ... Doit on pour autant s’interdire de s’inspirer d'un modèle qui fonctionne semble s'interroger Frédéric Wacheux, Directeur éducation et formation au MEDEF

Un saut dans l'inconnu

Beaucoup de questions restent en suspens; l’anxiété apparaît palpable dans l’assemblée des professionnels de la formation réunit chez Véolia. Nombre d'entre eux semble vivre cette rentrée de l’apprentissage comme une épreuve à risque, un saut dans l'inconnu, même si beaucoup ne craignent pas d'affirmer que la réforme est une remise à niveau nécessaire.

Et urgente si elle profite à un million et demi de jeunes sans qualifications ni emploi, pour qui l’apprentissage est probablement la meilleure chance d’insertion (NDLR).

Christophe Montoriol  -  24/10/2018

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3ème année 972 € (55% SMIC) 1 184 € (67% SMIC) 1 378 € (78% SMIC)
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