Près de 65 000 postes en alternance menacés selon l’Insee
L’alternance traverse une zone de turbulences. Après plusieurs années de croissance record, les contrats d’apprentissage s’effondrent. Selon l’Insee, près de 65 000 postes pourraient disparaître dans les prochains mois.
Derrière ce chiffre, une cause principale : la baisse des aides publiques.
En janvier 2025, seulement 23 400 nouveaux contrats ont été signés, soit 14 % de moins qu’un an plus tôt. Les offres publiées en ligne chutent elles aussi, tombant à des niveaux comparables à ceux de 2022. Résultat : des milliers de jeunes se retrouvent sans solution pour valider leur formation.
Lina, 21 ans, licence de commerce :
« J’ai envoyé plus de 200 candidatures depuis janvier. La plupart du temps, je n’ai même pas de réponse. Sans entreprise, je ne pourrai pas continuer ma licence… Je me demande si je dois tout arrêter. »
Depuis l’été, les entreprises doivent contribuer à hauteur de 750 € par contrat pour financer la formation des apprentis de niveau Bac +3 et plus. Ajoutons à cela la baisse des primes d’embauche (désormais 5 000 € maximum pour une PME, 2 000 € pour une grande entreprise) : beaucoup de recruteurs hésitent à franchir le pas.
L’angoisse grandit chez les étudiants. Beaucoup envisagent de reporter leur année ou de changer de voie, faute de trouver une entreprise.
Rayan, 19 ans, BTS maintenance industrielle :
« J’ai trouvé un patron prêt à m’accueillir, mais il m’a dit que ça lui coûtait trop cher avec les nouvelles règles. Il a préféré prendre un stagiaire. Moi, je continue de chercher, mais le temps file. »
Le danger dépasse les seules promotions actuelles. L’alternance s’était imposée comme un moteur d’insertion : en 2024, près de 880 000 contrats avaient été signés, un record historique. Le retournement brutal pourrait fragiliser cette dynamique et gonfler le chômage des jeunes, déjà attendu en hausse fin 2025.
Derrière les chiffres se trouvent des jeunes confrontés à une réalité douloureuse. Dans des témoignages recueillis par Le Monde, certains étudiants relatent avoir envoyé plus de 300 candidatures sans obtenir le moindre entretien. Pour beaucoup, l’alternance conditionne la poursuite de leurs études. Sans contrat, ils redoutent l’interruption de leur projet de formation.
L’un d’eux résume : « pas un seul échange avec un DRH pour défendre ma motivation ». Parmi ses camarades de promotion, 18 sur 24 se retrouvent dans la même situation.
Les filières les plus coûteuses pour les employeurs (informatique, ingénierie) risquent de perdre en attractivité auprès des jeunes peu fortunés, alors que ce sont celles qui forment une partie des futurs petits génies sur lesquels on compte pour répondre aux défis du XXI ème siècle :)
Des voix s’élèvent pour réclamer un soutien renforcé aux PME qui forment la majorité des apprentis, des aides spécifiques pour les niveaux Bac +3 et plus et un accompagnement territorial plus fort pour éviter que des jeunes soient laissés au bord du chemin.
Emma, 23 ans, master RH :
« Dans ma promo, on est 18 sur 25 sans contrat. On a l’impression que tout s’écroule alors qu’on nous avait vendu l’alternance comme la voie royale. C’est hyper démoralisant. »
En un an, le décor a changé : là où les jeunes voyaient une passerelle vers l’emploi, ils découvrent aujourd’hui une file d’attente pleine d’incertitudes. Pour Lina, Rayan, Emma et des milliers d’autres, décrocher un contrat est un parcours démoralisant.
La question est désormais politique : la France peut-elle se permettre de sacrifier 65 000 postes d’alternants et une génération de talents en devenir ?
Votre avis:
Bonjour je vous écrit parce que je ne sais plus quoi faire. En effet je suis dans une entreprise en alternance depuis plus de 1 an et la j’entame ma d ..
...Moins de 18 ans | 18 à 20 ans | 21 ans à 26 ans | |
1ère année | 486 € (27% SMIC) | 775 € (43% SMIC) | 955 € (53% SMIC) |
2ème année | 703 € (39% SMIC) | 919 € (51% SMIC) | 1 099 € (61% SMIC) |
3ème année | 991 € (55% SMIC) | 1 207 € (67% SMIC) | 1 405 € (78% SMIC) |